Contrôle technique des 2RM : quand la désinformation fausse le débat
Depuis la mise en place du contrôle technique des deux-roues motorisés, certains médias n’ont pas hésité à jouer sur les chiffres pour alimenter une perception biaisée de la situation. Récemment, un article a affirmé que « 45 % des motos ayant passé le contrôle technique présentent au moins une défaillance », une déclaration aussi alarmiste qu’inexacte.
La manipulation des chiffres : un classique du sensationnalisme
D’après les données du Ministère de la Transition écologique, entre le 15 avril et le 29 mai 2024, 123 043 véhicules de la catégorie L (motos, scooters, quads, voitures sans permis) ont été contrôlés. Parmi eux :
45 % ont présenté une défaillance (toutes catégories confondues)
11 % de défaillances graves
Mais si l’on se concentre uniquement sur les motos, les chiffres sont bien différents :
Seuls 10 % des deux-roues ont été recalés et ont dû passer une contre-visite. (chiffre que l’on peut même remettre en question au vu des retours d’une incompétence de certains Contrôleurs Techniques)
Les principaux motifs ? Des pneus usés.
Pour comparaison, ce taux de contre-visite est bien inférieur à celui des voitures (±20 %) et des voiturettes sans permis (±30 %).
Autrement dit, la situation des motos est bien moins préoccupante que ce que certains titres voudraient faire croire. Pourtant, en manipulant l’interprétation des chiffres, une certaine presse tente de faire passer les motards pour des usagers irresponsables et leurs véhicules pour des épaves roulantes.
Le journalisme de comptoir : une vieille habitude
Cette désinformation volontaire ou involontaire s’inscrit dans une longue tradition de raccourcis et d’oublie journalistique. On se souvient des polémiques similaires lors des débats sur la circulation inter-files.
Simone Veil disait : Les journalistes avaient l’habitude de préférer le spectaculaire à l’objectivité.
Le boycott du CT 2RM fonctionne
D’autres chiffres, beaucoup moins relayés, montrent pourtant que les motards ne sont pas dupes. Sur un parc estimé à 4,6 millions de deux-roues motorisés (hors flottes professionnelles) et 2,3 millions concernés par le CT, seuls 360 402 véhicules ont volontairement été présentés au contrôle technique. Cela représente un taux de boycott supérieur à 84 % !
Même les professionnels du contrôle technique en conviennent :
« Le modèle économique n’est pas viable car les dépenses d’investissements et les coûts sont très élevés face à un nombre de véhicules contrôlés insuffisant », Laurent Palmier, PDG de Sécuritest.
Face à ce constat, le gouvernement a déjà dû prendre des mesures, avec un arrêté du 24 janvier 2025 et une consultation pour retarder les investissements et permettre la mutualisation des appareils de contrôle…
Informer plutôt que manipuler
Le contrôle technique des 2RM est un sujet sensible, et il est essentiel que les médias jouent leur rôle d’information sans tomber dans le sensationnalisme. Plutôt que d’entretenir une image erronée des motards et de leurs véhicules, il serait temps de s’appuyer sur les chiffres réels et d’analyser la situation avec rigueur.
En attendant, les motards restent vigilants, et leur mobilisation montre que la résistance au contrôle technique est loin d’être terminée malgré la volonté de certains.
